La fessée ou la violence banalisée
"Une fessée, des fessées, j'en ai reçues. Cela ne m'a pas traumatisé(e). Et au contraire, cela m' a été utile". Il est courant d'entendre ces propos prononcés de personnes qui reproduisent probablement cela pour leurs enfants.
"Que voulez-vous, le soir, je suis énervé(e)."
L'Assemblée nationale a adopté en première lecture un texte de loi jeudi 29 novembre pour interdire officiellement la fessée ainsi que toutes les violences éducatives.
On considère comme châtiment corporel, toute violence commise par les parents sous couvert d’éducation pour corriger ou punir leurs enfants ou de les calmer ou de s’en faire obéir. Il s’agit de faire peur, de faire mal physiquement et moralement, de contraindre par des privations et des pressions, de faire honte ou d’humilier. Le but étant de formater les enfants à être obéissants, performants et soumis à l’autorité des adultes. Un pourcentage important des violences éducatives commencent avant 2 ans, et plus de la majorité avant 7 ans.
Donner une fessée, une tape avec la main ou avec un objet, une gifle, pincer, tirer les oreilles, les cheveux, pousser… sont des violences corporelles considérées comme des atteintes aux droits des enfants. Cinquante et un pays dans le monde les avaient déjà interdites et la France l’a fait avec le vote le 22 décembre 2016 d’une modification de l’article du code civil qui exclut « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours à la violence corporelle » dans le cadre de l’autorité parentale. Le conseil constitutionnel avait retoqué ce vote pour des questions de procédure.
La fessée est humiliante
Edwige Antier, pédiatre, qui a assisté à des colloques et des conférences sur les violences faites aux enfants dans les pays nordiques -très en avance sur la question-, explique que la fessée se différencie singulièrement d’une tape sur l’épaule ou sur la cuisse: « Quand je parle avec des Suédois ou des Finlandais de la fessée, ils ne comprennent pas ce mot! Ils n’ont pas d’équivalent dans leur vocabulaire. Pour eux, la traduction la plus proche de la ‘fessée’ serait tout simplement ‘frapper’. C’est dire à quel point le mot est ancré dans notre société. »
Lorque l’enfant se bloque ou pleure, crie, s’agite, tape, cela qui risque d’être pris par le parent pour des caprices ou de l’opposition. Or, un enfant n’a pas développé les facultés qui lui permettent de contrôler ses émotions.
Les méthodes éducatives non-violentes et bienveillantes ont fait leurs preuves pour bien éduquer un enfant sans châtiments corporels. Il a été démontré que la réduction des punitions corporelles par les parents est suivie rapidement d’une diminution de l’agressivité, de l’anxiété et des comportements anti-sociaux chez leurs enfants.
Evidemment, cela peut avoir des effets pervers et d’autres spécialistes évoquent le danger de l’enfant-roi. Le parent doit garder un rôle éducateur fondamental pour la construction psychique de l’enfant.