Les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté

La dernière journée internationale pour l'élimination de la pauvreté a eu lieu le 17 octobre 2020.

Une criante actualité

Lisant ce livre, je suis aussi « tombé de haut ». L’éclairage sur la pauvreté m’a aussi donné des arguments à défendre. Je suis sûr que ceux qui liraient ce livre seraient étonnés.  La dernière journée internationale pour l’élimination de la pauvreté a eu lieu le 17 octobre 2020. Le fondateur d’ATD Quart Monde, Joseph Wresinski déclarait:« La misère est comme un ensemble d’incessantes humiliations vécues comme autant de fautes, comme autant de devoirs non accomplis ». Les pauvres sont sur le banc des accusés.  S’ils sont pauvres, ce serait « de leur faute ».

L’économiste Esther Duflo, reconnue et récompensée du Prix Nobel d’économie en 2019 pour ses travaux portant sur la pauvreté pronostiquait, avant le Covid 19; une crise plus forte qu’en 2008. Dix millions de pauvres, c’est le seuil « dramatique » que la France franchira en cette année 2020 selon le rapport annuel sur l’état de la pauvreté effectué par le Secours catholique la semaine dernière.

Comment mesurer la pauvreté ?

Quatre approches sont possibles: la première consiste à définir un niveau de vie en-dessous duquel un ménage est estimé pauvre. En France métropolitaine, ce seuil est fixé 1 063 € par mois pour une personne vivant seule en 2018. Soit 15% des ménages.

La deuxième approche, administrative compte le nombre de ménages pauvres, bénéficiant des minima sociaux. En 2018, 11 % de la population française.

La troisième approche de la pauvreté caractérise la pauvreté des ménages à partir du nombre de privations qui les affectent. Ceux qui cumulent au moins huit indicateurs de difficultés sur un ensemble de vingt-sept sont estimés pauvres.  12,7 % des Français étaient pauvres dans ces conditions

Enfin, la quatrième approche subjective comptabilise les ménages qui disent éprouver des difficultés à équilibrer leur budget. En 2018, c’était le cas de 18 % des Français .

Quelque soit l’approche choisie, au moins 9 millions de français peuvent être déclarés pauvres.

131 idées reçues et souvent véhiculées

« Plus les inégalités augmentent, plus elles sont présentées comme le résultat d’une compétition économique où les vainqueurs démontrent leurs qualités et les vaincus leurs inaptitudes.  Le chômage, ce serait à cause d’eux, car « si l’on veut travailler, on trouve ». Les sans-domicile ? « S’ils sont à la rue, c’est qu’ils l’ont choisi ». Le manque de revenus ? « On ne vit pas trop mal avec un RSA ! ».  Au centre de ce procès, le « cancer de l’assistanat » favorisé par « un État qui dépense trop pour la protection sociale ». Cibles privilégiées des attaques, les réfugiés, qui « viennent profiter de notre système de santé ».

Et pourtant, si au lieu d’élever des murs de préjugés, on construisait les ponts d’une société reposant sur l’égale dignité de chacun

Les chiffres, documents officiels et travaux de chercheurs à l’appui, prouvent que cette stigmatisation des pauvres repose non sur des faits, mais sur des discours qui masquent les véritables causes de la misère. On pourrait rajouter l’illectronisme de 10 millions de français. Le terme illectronisme transpose le concept d’illettrisme dans le domaine de l’informatique de l’usage des moyens électroniques de communication.

Editions ATD Quart Monde – 16 Janvier 2020

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