« Le Pouvoir rhétorique – Apprendre à convaincre et à décrypter les discours » de Clément Viktorovitch
Enfin, la prise de parole est encore sur le devant de la scène.
La rhétorique (ce mot désignait la parole en public ou l’art de bien parler) est partout. Pour défendre une idée, un projet, un produit, convaincre. Que cela nous plaise ou non, convaincre est un pouvoir. Pour Jean Sommer, bien parler n’est pas inné. Comme l’on apprend à écrire, on devrait apprendre à s’exprimer. Or, combien d’entre nous ont un jour refusé de prendre la parole de peur de bafouiller, de bégayer ou tout simplement de pas avoir le bon ton? Souvent, «les beaux parleurs qui n’ont pas grand-chose à dire, parlent et le disent bien tandis que ceux qui pourraient exprimer des idées intéressantes, se taisent».
Chez nous, en France, l’apprentissage de la langue se fait à l’écrit, en silence et sous le signe de la faute. La pratique de l’oral n’est pas perçue comme noble, alors que c’est le contraire chez nos voisins Anglo-Saxons. D’autre part, le français est une langue de la forme, qui s’auto-juge en permanence. Un Français préférera se taire plutôt que de mal parler, parce qu’il est dans une quête de la perfection. A contrario, un Américain osera s’exprimer, même grossièrement, pourvu que le message passe.
Des règles à respecter
Des techniques à respecter, des règles précises, des outils. A partir d’exemples concrets, l’auteur, politologue et professeur à Sciences Po, Clément Viktorovitch nous montre comment produire et décrypter les discours, mener les débats et les discussions, déjouer les manipulations. Des émissions de TV apparemment flamboyantes prouvent si besoin est que le bluff, et l’outrecuidance sont souvent la règle.
C’est pourtant simple
Etre intègre, avoir une parole vraie, être sincère ont toujours été les bases de la prise de parole. L’auteur, présent sur Cnews, France Info, Tmc, vulgarise des idées fondamentales et met en relief la forme et le fond. Un bon orateur n’est pas un manipulateur. Victor Hugo écrivait: « La forme n’est que le fond qui remonte à la surface »
L’auteur déconstruit avec pédagogie et maestria les procédés étouffants, standardisés, utilisés par la politique ou la publicité. Il nous livre une phrase puissante : « Pour convaincre, la vérité ne peut suffire. » Au moins dans l’immédiat.
Seuil – 16 Octobre 2021